Depuis plus de vingt ans, l’art fait partie intégrante de la vie de l’APF France Handicap. Très engagée, l’association accompagne au quotidien, dans tous les domaines de la vie (santé, éducation, emploi, culture), des personnes handicapées. Elle réalise, au sein même des structures d’accueil spécialisées, des ateliers d’art plastique où les résidents laissent libre cours à leur fibre artistique. Au fil du temps, des expositions éphémères réunissent toujours plus de créations uniques.
La manifestation “ l’Art coûte que coûte”, pour une deuxième édition d’ampleur, a pris place dans la vaste et lumineuse Orangerie du Sénat, ouverte sur le Jardin du Luxembourg en plein cœur de Paris, avec vue sur la statuaire et les arbres remarquables du parc historique. Une centaine d’œuvres picturales ou sculptées d’une trentaine d’artistes s’offrent au regard du public.
Parce que les Jeux paralympiques représentent une véritable opportunité d’accélérer l’inclusion, APF France handicap convie, en parallèle de la manifestation sportive, artistes et public àune riche et très émouvante rencontre, via la découverte d’une multitude de vrais talents. Qu’il s’agisse de créations proches de l’art singulier, voire de l’Art Brut, de peintures abstraites aux couleurs vives ou très graphiques en noir et blanc, de sculptures ou de masques, la capacité créatrice de chacun est étourdissante, et annihile toute empreinte de compassion ou de condescendance. Les artistes présents, certains malgré de graves handicaps, y compris au niveau de la parole, s’expriment de leur mieux sur leur travail, et taisent les limitations physiques que le handicap peut imposer dans la réalisation du geste.
Ainsi Joëlle Hayoun peint avec la bouche, à l’encre de Chine, des personnages entamant une danse aérienne. Sérine Derouaz peint avec le pied, Abderhaman Bari , dans une explosion de couleurs, nous emmène en voyage au Maroc, Brigitte Picard propose des visages hors-normes, quasi-caricaturaux, à dominante d’un rouge éclatant, ainsi que des collages de textiles et des broderies.
Jacqueline Patin peint des carrés de 40 sur 40 et les réunit en une grande fresque : “Moi figée dans mon corset de vie, je suis heureuse de me sentir grande en admirant cette œuvre que j’ai peint avec ma bouche en souffrant”. Avec une semblable fierté, Julie Capdevielle aborde le visiteur, suscite l’empathie par l’énergie qu’elle arrive à extraire de son corps abîmé, ce qui transparaît dans l’explosion de couleurs d’une peinture joyeuse. Martin Buffet surprend par un procédé original, il peint sous l’eau, en apesanteur, libre.
Une seule peinture renvoie cruellement à la réalité de tous ces artistes : Daniel Bacon ferme le regard de ses personnages avec des clés, tandis qu’une chaîne en travers du tableau barre toute communication entre lui et les autres. Seule note de profonde et apparente désillusion dans un ensemble très diversifié, lumineux et captivant.
”Une expérience unique, immersive”, indique Nathalie Caclard, responsable des programmes culturels à APF France handicap.
Jusqu’au 8 septembre 2024 – Orangerie du Sénat – Jardin du Luxembourg – Paris 6ème
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