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On en parle

Léopold Poyet

Christian Noorbergen, le 13 décembre 2024

« D’un corps à l’autre »

Chez Léopold Poyet, la photographie précède parfois le dessin, dans un ancrage cru et réaliste cependant vite dépassé par une métamorphose fantastique toujours latente. Au final, une présence âpre et crue, saisissante d’impact où l’impensable et le réel s’étreignent sans fin. L’œuvre accomplie sidère l’espace, comme une tâche errante dans le vide infini de l’univers. 

Hang your coat – 2024 – Dessin au crayon – 50×70 cm

Une autre vie s’installe, arrachée au néant, fascinante existence d’altérité, et d’une étonnante précision graphique quasi chirurgicale. Léopold Poyet s’imagine “parfois comme un orpailleur, tâtonnant sur des sentiers escarpés à la recherche d’une clairière annonciatrice d’une image fertile”. Art extrême, aventureux, risqué et scabreux né “de profondeurs sourdes et opaques”. Comme si s’imposait à jamais les premières d’îles naissantes d’un autre monde possible, comme une constellation d’unités vitales violentes, grouillantes et incongrues. “Derrière le répertoire naturaliste, servi par une absence de narration et une forme d’objectivité scientifique, se dessinent en creux la guerre, la mort et le sang.” écrit Camille Bloc.

Merry go round – 2024 – Dessin au crayon – 50×70 cm

L’opacité absolue est son territoire de création, et chaque surgissement déchire l’étendue. Saisissant contraste, chez ce jeune artiste né en 1992, en chacun de ses durs et forts graphismes, entre une dure dramatisation décantée à l’extrême, et une secrète intime immense fragilité. Chaque dessin, toujours somptueux, semble être une fatalité fragile acculée au vide, comme si d’impossibles éléments corporels, issus d’un rêve abyssal, tentaient d’exister dans le cœur battant de l’abîme.

Pendu – 2023 – Dessin au crayon – 50×70 cm

Jusqu’au 11 janvier 2025
Galerie Vallois – Paris 6ème

En Une : Portrait de Léopold Poyet