Solitaires pour la plupart, inconnus le plus souvent, et abandonnés des grands médias, les modestes artistes des arts modestes, singuliers ou bruts doivent beaucoup à quelques collectionneurs audacieux. Le MIAM rend ainsi hommage à deux collectionneurs épatants, dont les collections, privées comme il se doit, sont montrées ici pour la première fois.
Sous la houlette éclairée de Françoise Adamsbaum et Norbert Duffort, commissaires d’une double exposition, et sous la conduite vigoureuse d’Hervé Di Rosa, présent d’ailleurs dans l’une des collections, l’ensemble secoue les regards. Très étonnant de voir des œuvres anciennes d’artistes aujourd’hui très renommés, et découverts naguère par nos regardeurs émérites, on pense, par exemple, à Claude Viallat, à Marc Desgrandchamps ou encore à Yan Pei Ming.
L’exposition du MIAM s’ouvre au rez-de-chaussée sur les trouvailles du couple FB/DL, à partir d’artistes de la Figuration Libre, dont Di Rosa, et d’expressions extra-européennes, de Kwame Akoto à Cyprien Tokoudagba. Œuvres piquantes, hautes en couleurs, et d’un exotisme savoureux. “Je suis un accumulateur, j’aime avoir pour moi, j’aime le montrer. L’accumulation, elle est venue normalement, comme tous les collectionneurs : on est tous un peu cinglés.”
A l’étage, la collection MB/JB, éclectique et en partie centrée sur deux artistes liés au surréalisme, Lucien Coutaud et le remarquable et moins connu Félix Labisse (qui avait rencontré Ensor à Ostende !). Si l’ensemble labissien impressionne, on voit également, plaisir subtil, des œuvres de Léonor Fini et Hans Bellmer. “Collectionner, c’est avant tout le résultat d’une rencontre.”
Outre les marges du surréalisme, on admire un ensemble exceptionnel de figures de magie brésilienne, ainsi qu’un ensemble d’objets rares, étranges et souvent fascinants. Et des éditions originales de livres majeurs.
La liberté des collectionneurs, dont les choix pluriels et ouverts vont du mobilier à l’artisanat, de l’objet d’art précieux aux œuvres proprement dites, va dans le sens intime de l’ADN du MIAM.
Jusqu’au 26 mai 2024
Musée International des Arts Modestes – Sète (34)
En Une : Vue de l’exposition Libres ! Collectionneurs d’Arts Modestes – Rez de Chaussée
