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On en parle

Maîtres anciens d’Italie et d’ailleurs

Chantal Vérin, le 4 novembre 2024

Grâce au partenariat entre le Musée Jacquemart-André et la galerie Borghèse, le musée parisien accueille une cinquantaine d’œuvres de la célèbre galerie romaine. Une occasion unique d’admirer une sélection d’œuvres exceptionnelles, du Caravage à Rubens, en passant par Raphaël, Titien, Botticelli, ou encore Véronèse, Antonello da Messina et Bernin. Formidable plongée dans l’art italien de la Renaissance. Pour mettre en scène ces chefs-d’œuvre, la scénographie reprend le parcours de Scipion Borghèse (1577-1633), richissime cardinal à l’origine de la collection, et neveu du pape Paul V (1550-1621). Personnage à la personnalité contrastée, il use de tous les moyens, légaux et illégaux, pour satisfaire son insatiable curiosité intellectuelle et sa passion de l’art. Les premières œuvres acquises proviennent de la collection personnelle du Cavalier d’Arpin (1568-1640), artiste qui a travaillé pour la famille Borghèse et dont l’atelier fut arbitrairement saisi en 1607. Parmi les pièces se trouve un tableau de jeunesse du Caravage, Le Garçon à la corbeille de fruits.

Caravage – Garçon à la corbeille de fruits – Vers 1596 – Huile sur toile – 70×67 cm – Galleria Borghese, Rome – ©Galleria Borghese

Prédateur, mais aussi mécène au goût infaillible, Borghèse est à l’affût de nouveaux talents, il acquiert ainsila première sculpture du Bernin, encore très jeune, “La Chèvre Amalthée. Grâce à ses liens avec la famille Médicis, il achète des œuvres florentines. Par sa position privilégiée auprès du pape, il passe commande au Caravage et à ses disciples. Deux œuvres ainsi sont présentes dans l’exposition, « Judith et Holopherne“ et un “Ecce Homo

Michele di Ridolfo del Ghirlandaio – Léda – Vers 1565-1570 – Huile sur panneau – 78×51 cm – Galleria Borghese, Rome – ©Galleria Borghese

Sa Villa all’antica, inspirée des luxueuses villas romaines, est d’emblée pensée pour abriter ses collections, véritable musée avant la lettre, où cohabitent les splendeurs de la Rome antique, la grande peinture de la Renaissance et du Baroque. Vision moderne du concept de collection qui privilégie le plaisir individuel et la liberté de sélection en associant les œuvres selon leur qualité artistique. Transmise de génération en génération, la collection n’a heureusement pas été dispersée et s’est enrichie au fil du temps. Le portrait d’une jeune fillehabillée à la mode florentine du XVIème, “La dame à la licorne“ (1506) de Raphaël estainsi entrée par héritage dans les collections. Le peintre flamand Rubens peint “Suzanne et les vieillards, lors d’un séjour à Rome, œuvre présentée au Musée.

Raphaël – Dame à la licorne – Vers 1506 – Huile sur toile appliquée sur bois – 67×56 cm – Galleria Borghese, Rome – ©Galleria Borghese

On apprécie une belle galerie de portraits, avec des chefs-d’œuvre de différentes époques, ce qui montre l’évolution du genre. A l’origine, le visage des grands de ce monde était montré de manière respectueuse et distancée, à la manière des personnages religieux, mais l’art du portrait souligne dorénavant l’expressivité et la personnalité du personnage dépeint, sous l’influence grandissante de l’artiste qui impose sa personnalité. Ainsi “L’autoportrait à l’âge mûr“ (entre 1620 et 1640) du Bernin est un remarquable exemple de l’intérêt de l’artiste pour la physionomie.

Bernin – Autoportrait à l’âge mûr – Vers 1635-1640 – Huile sur toile – 53×43 cm – Galleria Borghese, Rome – © Galleria Borghese

La dernière section rassemble des œuvres de la « Salle des Vénus » du palais Borghèse, diverses représentations de Léda et des nus peu chastes. Elle aboutit au chef-d’œuvre du Titien, “Vénus bandant les yeux de l’Amour.

Titien – Vénus bandant les yeux de l’Amour – Vers 1560-1565 – Huile sur toile – 116×184 cm – Galleria Borghese, Rome – ©Galleria Borghese

A l’image du couple formé par Edouard André et Nélie Jacquemart qui ont constitué une riche collection italienne, le Musée Jacquemart-André est l’institution de référence pour l’art de ce pays.

La prochaine exposition sera consacrée à Artemisia Gentileschi.

Jusqu’au 5 janvier 2024
Musée Jacquemart-André, Institut de France – Paris 8ème

En Une : Léonard de Vinci – Léda – Vers 1510-1520 – Tempera sur panneau – 115×86 cm – Galleria Borghese, Rome – ©Galleria Borghese