Le très francophile Galerie de Christine Colon, à Liège, expose un beau couple de grands artistes. L’une, Malgorzata, née en Pologne, peint, l’autre, Axel, né en Allemagne, hélas décédé en 2015, sculpte.
Axel Cassel travaille admirablement le bois, la terre, le plâtre et le bronze. Son art est magique, intemporel, vertical et lourd d’exorcisme sacral. Art d’élan contenu, immensément condensé en rituel d’apparition. L’artiste retrouve les sources mythiques des racines enfouies qui protègent l’humanité.
Ses grandes sculptures totémiques sont des œuvres “chargées“. Elles convoquent les puissances archaïques qui travaillent en silence les énergies de l’univers. Elles s’emparent de l’âme cachée du bois, de l’arbre des origines, de l’os, du métal dur, ou de la terre. Matière incarnée et vitalisée qui vit, qui respire, et qui agit. Axel Cassel assène, par face à face implacable, la singularité implacable du ressenti archaïque.
Dans sa physiologie de l’impact visuel, il s’arrache aux pesanteurs esthétiques comme la vie de l’œuvre, s’arrache aux pesanteurs vitales. Il fait remède salutaire aux miroirs de la fragile modernité. Il ne craint ni le rustique, dur respect du décanté, ni le primitif, qui fait passerelle aux forces vives de l’univers comme aux sources animistes du mental humain.
La peinture de Malgorzata Paszko, qui aime les peintres à mystères, est faite d’émerveillements profonds, et son œuvre se vit d’abord en paysages intériorisés. Un récent voyage au bout du monde, dans les grandes steppes de l’Ouzbékistan a enrichi ses perceptions du monde et modifié son art. Malgorzata Paszko. « En 2022, j’ai traversé l’Ouzbékistan au cours d’un long voyage. Ce voyage enchanteur alternait la steppe et les villes aux passés magiques, recelant des monuments magnifiques, incroyables, ornés des mosaïques à dominante bleue. Heureuse et étonnée de cette démesure, j’ai compris que mon travail désormais prendrait une nouvelle direction. Pour la première fois, l’architecture en devenait le sujet principal. Ou plutôt l’impression que donnaient ces étendues de mosaïques avec leurs bleus intenses, aux motifs et entrelacs sophistiqués. » L’architecture à merveilles de ce pays d’Asie rejoint l’impact des feuillages naguère privilégiés par l’artiste.
Son art sensible, lyrique et étonnamment intériorisé émiette toujours la lumière et la diffuse intégralement. Art en apesanteur, art d’allégeance au sans-poids lumineux du monde… Une couleur travaillée domine toujours l’ensemble, en agissante diffraction. Chez elle, il n’y a pas de blocs, pas de blocages, pas de centre privilégié, comme dans la peinture chinoise, mais une vision globalisante. « Exprimer le maximum avec le minimum, c’est l’idéal. »
Jusqu’au 27 avril 2025
Galerie Christine Colon – Belgique
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