Le LaM, musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille Métropole, consacre à l’artiste italienne Marisa Merz (1926-2019) une grande rétrospective, 13 ans après l’exposition monographique du Centre Pompidou. Célébrée en 2013 par la réception d’un Lion d’or à la Biennale de Venise pour couronner l’ensemble de son parcours artistique, elle fait cependant partie de ces artistes qui n’ont été que trop peu montrés.
“Écouter l’espace“ est une vision nourrie de l’intérieur face au monde extérieur, une pratique artistique presque insaisissable que l’exposition, sous le commissariat de Sébastien Delot et Grégoire Prangé, s’efforce d’interpréter. L’artiste, en effet, avait l’habitude de participer au montage, parfois même de transformer ses œuvres en fonction de l’espace environnant. Souvent présentée comme la seule femme parmi les artistes de l’Arte povera, Marisa Merz échappe à toute catégorisation et revendique une position originale. Elle se distingue clairement de son mari Mario Merz, qui lui était une figure de proue du mouvement. A la fois fragile et puissante, son œuvre fait appel à des objets et matériaux du quotidien d’une grande variété, de l’aluminium à l’argile, du cuivre au nylon, ou de la cire au tissu.
Dans les années soixante, son nom apparaît lié à des compositions éphémères, qualifiées d’azioni povere (d’actions pauvres), telles lesScarpette(les petites chaussures)tricotées en fil de nylon et déposées sur la plage à l’épreuve de la mer, ou les filets de fils de cuivre déployés en fins canevas sur les sols et les murs.
Marisa Merz n’a cessé de représenter des visages et des têtes. Petites têtes modelées, rudimentaires, en cire, plâtre ou argile crue, figures hybrides sans identité manifeste. Des visages sont esquissés, voire griffonnés de quelques traits de crayon sur du fin papier japonais. Ses motifs sont repris et enrichis de subtiles et constantes variations. Recouverts de poussière d’or, ils rappellent les icônes byzantines. Émaillés de petits tessons de céramique, ils se font mosaïques. Rehaussés de bleu, ils invitent à regarder du côté du Quattrocento. Sur un panneau de contreplaqué apparaît la Vierge Marie, reconnaissable à la couleur bleue, intense et lumineuse, de son manteau.
Le thème du visage, omniprésent, peut être traité à une grande échelle, comme sur telle grande composition murale très colorée, fresque sur laquelle on reconnaît deux immenses visages réduits à leurs traits essentiels. A travers ce motif du visage inlassablement modelé, peint et dessiné, l’artiste développe un langage personnel d’une infinie délicatesse.
Imprégnée de riches références à l’histoire de l’art, l’œuvre d’une grande inventivité où culture savante et populaire se confondent, emporte le spectateur dans une réalité distancée, impalpable et onirique.
Un catalogue en langue française, préfacé par Sébastien Faucon, directeur-conservateur du LaM, est édité sous la direction des commissaires. Il contient un précieux cahier de papier transparent riche de dessins et poèmes de l’artiste.
Jusqu’au 22 septembre 2024 LaM – Villeneuve-d’Ascq (59)
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