“Verticalité(e)“
Dans cette grande petite galerie, dite Terrain Vagh, près de l’Institut du Monde Arabe, Moufida Fatig, la directrice, expose les encres vibrantes de Nayla Maalouf et les puissantes sculptures de Monica Mariniello. La première est née au Liban, la seconde en Italie. On comprend aisément, au fil chaleureux des expositions que la Galerie Terrain Vagh propose un art généreux, ouvert et sans frontière. De la sculpture à la photographie, de la gravure à la peinture, et jusqu’à la plus belle céramique, toutes les pistes de la création contemporaine sont explorées, loin, cependant des fabrications de l’hypermodernité.
Nayla Maalouf, riche d’influences très diverses, chargée « d’errances et d’ancrages », invente une très fascinante hybridation entre la nature, l’humain et l’animal. Étonnante et fulgurante fusion née d’un fiévreux tissu d’imagination totalement libérée. La pluralité spontanée est son territoire de création. Dans un flux constant, elle invente à-tout-va de somptueux labyrinthes et de mystérieux entrelacs dans lesquels circule une formidable énergie d’univers. Tout est sur un même plan, onirisme et réalisme mêlés, où tous les éléments convoqués s’unissent en un sidérant magma d’inventions graphiques, et l’œil voyage sans fin dans ces sensibles mandalas verticaux.
Subtiles et ténues, les couleurs sont paisibles et méditatives. Elles ne heurtent jamais l’étendue, ni le grand rêve qui oxygène chaque œuvre.
Sculpteure intemporelle de corps primordiaux, Monica Mariniello laisse parler les couleurs de la terre, et les arts premiers agissent en elle comme une formidable chirurgie d’âme. Elle anoblit chaque posture, humaine ou animale, restaurant le lien invisible du cosmos, de l’être et de la nature. Elle trouve sa vie dans la matière, scrutant l’essence animée des formes mouvantes et saisissantes. Ses entités charnelles sont des êtres premiers à peine sortis de leur gangue d’origine, et des allures de sérénité sacralisent leur rude présence.
Chaque corps respire les vivantes racines du sol, et chaque corps est plus qu’un corps, et se fait talisman de chair. On regarde ainsi ces êtres d’hier, d’aujourd’hui et de demain, comme nos doubles effarés, à la fois puissants et fragiles. Monica Mariniello fait sa demeure du chant infini de la vie, et sa gestuelle s’arrête net au fin surgissement de leur surprésence. Elle ne craint ni le rugueux respect de l’origine, ni le primitif qui ouvre la voie aux secousses du mental enfoui.
Du 2 avril au 3 mai 2025
Galerie Terrain Vagh – Paris 5ème
En Une : Être 2 – Terre cuite, cornes animales, acier – 175x37x37 cm
Notifications