Françoise Abraham est de nouveau à l’honneur chez Jean-Luc Moreau pour un solo show intitulé “Femmes 2023 !”. Cette galerie du Vieux-Lille lui offre un écrin incomparable pour ses œuvres, sculptées ou peintes. Ses résines chromées sont un coup d’éclat flamboyant dans la cour pavée cernée de briques rouges, ses bronzes reflètent leurs formes enjouées dans les miroirs anciens et ses peintures réchauffent moulures et parquet qu’un ciel soudain chargé de nuages automnaux assombrit.
L’artiste tire de ses origines d’Europe centrale le goût des couleurs du folklore et des patchworks de matières et motifs. Son travail respire la joie et la légèreté à une heure où l’actualité s’obstine à nous en priver… Ex-danseuse, elle aime styliser les femmes en vie et en mouvement. « Je m’amuse avec les volumes », propos d’une brindille pleine de grâce qui joue l’asymétrie et les contrastes. Sculpteur autant que peintre, elle se révèle dans ces deux univers avec humour et fantaisie.
Si ses toiles respirent l’harmonie et la sérénité voire une certaine mélancolie, ses sculptures ne sont que mouvement, du swing de ses golfeuses ou de ses « Baby » aux urbaines à l’allure décidée, fièrement campées sur des jambes galbées ! Cette jeune femme joliment appelée « Petit bonheur », nez en l’air humant la forêt, foulée sportive et casquée d’écouteurs, c’est elle ! Bien décidée à conquérir le monde tout en restant fidèle à la nature qui lui est chère.
Car Françoise Abraham aime parcourir la planète, se ressourçant en Inde d’où elle rapporte ses jolies blouses colorées et ornementées de perles, rubans et passementeries. Par son travail, elle a séduit Chine et Corée, où elle essaime au gré de commandes, des sculptures monumentales vouées à égayer l’urbanité de villes telles Shanghaï ou Shenzhen du haut de leurs 9 mètres sur 7. Ses bronzes sont puissants, dotés de pieds de terriennes outrepassant la norme. L’ensemble dégage toutefois une impression de dynamisme et de légèreté, celle du cycle de la vie et de sa course folle.
Ses personnages féminins en résine quant à eux sont tout en courbes et rondeurs, fessus et joyeusement imprimés de motifs répétés sur des couleurs vives, osant le rouge, le bleu profond, le jaune moutardé. Tissus, papier, autres matériaux viennent s’ajouter à la sculpture avant de se couvrir de vernis chromé résistant aux épreuves du temps sous toutes ses formes, celui qui passe comme celui qui vente et qui pleut ! Ce travail de patine prend jusqu’à une semaine, sans compter les heures d’atelier à sculpter, un temps de concentration et de patience respirante pour cette femme elle-même toujours en mouvement !
Côté peinture, matières et textiles sont à l’honneur sur ses acryliques illuminés de petites touches d’huile et de savants collages aux tons joyeux. Oiseaux et fleurs colorent ses dernières créations, irradiant d’un amour non borné de la vie et de la nature. L’anachronisme est parfois au rendez-vous comme la blouse imprimée de carreaux de Delft d’ »Angélique », bousculée par la juxtaposition de motifs chatoyants. Ses natures mortes sont bel et bien vivantes et vibrantes, concentré de douceur, joie et bonne humeur où la femme une fois encore est à l’honneur, une femme nature, une femme fleur, une femme généreuse et solaire tout comme l’artiste elle-même !
Les œuvres de Françoise Abraham ensoleillent notre regard et nous font du bien, tout simplement, un plaisir inégalé au cœur d’une grise crise…
Jusqu’au 4 novembre 2023
Galerie Jean-Luc Moreau – Lille (59)
En Une : Vue d’ensemble – © Gersende Petoux
