Derniers jours, à Strasbourg, pour apprécier les œuvres de Roland Devolder, grand artiste belge, peintre et sculpteur.
Son art profond et envoûté, hors dogme et sans théologie, avec des relents de sorcellerie et féérie, relève de la brocante vagabonde et de la contemplation fascinée. On navigue à vue nocturne dans les sanctuaires silencieux du dedans, archaïque et sidérant. Si les rats ont su quitter les lieux morts de la modernité, si les poissons ont su fuir les espaces urbains, leurs cadavres somptueux peuplent ces territoires magiques.
La nuit, tous les dessins ne sont pas gris, et Roland Devolder, ce fouilleur d’abîme, enchante l’étendue. Du blanc fantomatique aux noirs dessins de l’opacité, infinis sont les passages en pays de grisaille.
L’artiste d’Ostende, cette ville aux mystères salés, ignore l’excès, le pathos et le déferlement. Sobre et dépouillé, son art d’implosion sourde hante les souterrains de l’âme. Ses œuvres sont les miroirs fabuleux d’un reliquaire infini. On dirait des tombeaux d’humanité échappés de la nuit primordiale. Extases arrêtées, saisissantes, hallucinées.
L’air raréfié de ces scénographies tendues, emprisonnées à vie dans les rumeurs de la nostalgie, donne un ciel plus sombre et plus fort que celui des cartes postales de la modernité. Quand l’imaginaire oxygène le réel.
Jusqu’au 19 octobre 2024
Galerie Brûlé – Strasbourg (67)