Sam Szafran est né à Paris sous le nom de Samuel Berger en 1934, de parents juifs émigrés. « Pendant la guerre, je vivais caché, comme un animal pourchassé. Si j’ai toujours vécu en solitaire, toute ma vie, c’est à cause de la guerre ». Il décède en 2019 à Malakoff, où il habitait depuis longtemps avec sa femme Lilette.
S’il échappe à la terrible rafle du Vel d’Hiv’, toute sa famille disparait dans les camps nazis, sauf sa mère et sa sœur. Sa mère, très pieuse et très pratiquante, s’oppose durement à ses velléités de devenir peintre.
Éphémère élève d’Henri Goetz à La Grande Chaumière, les bistrots et les rencontres, souvent formidables, font son éducation : « Riopelle a été l’un de mes grands amis, et l’un de mes maîtres ». On peut citer encore Alechinsky, Réquichot, Tapiès, Zao Wou-ki, Pierre Bettencourt, Arrabal (avec qui il joue longtemps au poker), Topor et Dado. Avec son ami Olivier O. Olivier, Sam Szafran se présente au concours des Beaux-arts. « J’ai eu la chance d’échouer, et de rester moi-même ! » Enfin vient Giacometti, en 1961 : » Je l’ai rencontré, et je suis revenu à la figuration. Il était bien mon maître, mais de manière spirituelle ».
Si les débuts de Sam Szafran sont influencés par l’art abstrait de Dubuffet et Hantaï, très vite il tourne le dos à l’abstraction et creuse sa voie loin des évidences de l’époque. Une galerie d’art d’Extrême Orient lui fait découvrir la calligraphie qui devient sa seconde nature. Il aime les supports papier ou de soie chinoise. Le pastel, dès 1958, plus ou moins discrédité à l’époque, devient son matériau de prédilection.
L’architecture fantasmée des plantes, véritable jungle organique, les trames du destin transposées en abîmes d’escaliers, des animaux fabuleux et des portraits d’intimes (tel Jacques Kerchache, qui organise sa première expo individuelle en 1965) sont les structures à vertiges de sa prodigieuse création.
L’atelier, chez lui, est plus qu’un atelier. Il est refuge, demeure d’âme, lieu d’art et de vie, grotte intime et même, fantasmé et transfiguré, modèle-source de toute création. L’escalier qui surgit à vif des enfers, qui monte parfois au paradis, et qui permet de voir le dessus et le dessous du monde, est le territoire fantastique et scabreux qui féconde l’œuvre rare et prodigieuse de l’un des durs et grands créateurs de notre temps.
« Hommage à Sam Szafran » – Jusqu’au 30 octobre 2022 – Galerie Dil – Paris 8ème « Obsessions d’un peintre » – Jusqu’au 16 janvier 2023 – Musée de l’Orangerie – Paris 1er Conversations avec Sam Szafran par Vincent Bebert, El Viso, 2021. Entretiens avec Sam Szafran par Alain Veinstein, Flammarion, 2013. Nombreux catalogues monographiques, Galerie Claude Bernard, Paris.
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