« Peindre le désert »
Dans le prolongement de l’exposition Déserts, présentée au Museum d’Histoire Naturelle du Jardin des Plantes de Paris, SilvèreJarrosson a créé huit œuvres monumentales superbes. Des œuvres abstraites, entre art et science, qui ouvrent la porte d’un univers poétique et mystérieux, à l’image des milieux désertiques de notre planète, de l’emblématique Sahara aux déserts polaires, en passant par les déserts d’Atacama ou de Gobi… Ces espaces pas vraiment vides représentent un tiers des terres émergées !
A la fois peintre passé par la collection Lambert et lauréat de la Villa Médicis à Rome, danseur et grand voyageur, Silvère Jarrosson a exposé dans des lieux prestigieux, du musée Unterlinden de Colmar à Art Basel. Titulaire d’un master de biologie, son approche de l’art s’aligne parfaitement avec le mouvement « art-science », tendance émergente où l’art et la science se rejoignent pour créer de nouvelles formes d’expression.
Les déserts sont des terrains privilégiés d’exploration pour les scientifiques de disciplines variées, de l’étude d’espèces animales et végétales rares jusqu’aux récoltes de précieuses données sur les événements passés à partir de météorites et de fossiles. Ils intéressent aussi les ethnologues qui se penchent sur les différents modes d’adaptations humaines aux lieux hostiles. Silvère Jarrosson, pour sa part, met au service d’une vision artistique très sensible et personnelle sa connaissance scientifique de la morphologie et de la formation géologique des paysages désertiques.
Les éléments, le vent, l’eau, agissent au fil du temps. Ils érodent et façonnent le relief, sculptent et modèlent les roches, faisant naître au cœur de l’immensité et de son apparente uniformité une multitude de formes singulières. L’artiste restitue et rejoue sur la toile en subtiles coulées de peinture, aux fines nuances entre blanc, gris et brun orangé, un paysage fluide et fantasmé. Son processus de création, superposition de coulures, dripping, brossage, corrosion chimique, fait écho à celui de la formation des déserts pour lesquels le hasard des phénomènes naturels se déploie dans la limite des contraintes des règles physiques. Le désert est toujours en mouvement, il se déplace avec le temps, n’est pas toujours prévisible, et l’on ne sait où il se terminera.
L’artiste s’appuie à la fois sur une double démarche scientifique et artistique pour réinventer et mettre en peinture métamorphique des phénomènes naturels. Il a vécu l’expérience du désert au cours de ses voyages, expérience qu’il entend mettre à la portée du public en ouvrant la porte à une pérégrination gestuelle et onirique. Sans doute aussi l’idée du vide, d’un retour à l’essence des choses. Théodore Monod, naturaliste amoureux du désert et figure emblématique du Museum écrivait en marge de ses Journaux : « J’ai eu la chance de rencontrer le désert, ce filtre, ce révélateur. Il est beau, ne ment pas, il est propre. C’est pourquoi il faut l’aborder avec respect. »
Jusqu’au 30 novembre 2025
Musée national d’Histoire Naturelle – Jardin des Plantes – Paris
En Une : Silvère Jarrosson – ©Chantal Vérin
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