Lauréats de l’édition 2019 d’Artcité, Sylvie Cairon et Hans Jorgensen exposent – enfin – à la Halle Roublot à Fontenay-sous-Bois. Les denses et charnelles peintures de la première, complètent de très dense manière les dures et fortes sculptures du second.
“ La fragilité de l’homme, symbole du caractère éphémère de la vie, m’obsède. Tel un paléoanthropologue, je recherche des traces de la vie, fascinée par ce qu’il en reste après la mort“, écrit Sylvie Cairon.
Elle dégage ses fines et allusives créatures d’une gangue qui les laisserait là, juste à portée de vie. L’existence vive est un accident sans remède, une faille toujours déjà blessée, passerelle éphémère par où s’invitent tous les fantômes du réel. Et ses êtres de destin, peuplent l’abîme. Lacunaires et partiels, ils s’abandonnent à l’infini de leurs manques. Ils ont perdu la crainte. Ils n’ont plus peur de rien. Sylvie Cairon n’a plus besoin de la séduction des couleurs, et sa peinture éblouit l’opacité.
“ Je travaille à partir de fragments d’arbres accidentés que je peux incorporer dans mon imaginaire car il y a une parenté avec les vestiges, les ruines, quelque chose d’ossifié, fossilisé, momifié, témoin des civilisations perdues“, écrit Hans Jorgensen.
Chez lui, l’arbre est un morceau d’humanité séchée, durcie, proche du squelette humain, et Jorgensen franchit les interdits qui barrent l’accès au réel ancien et monstrueux de l’animalité humaine. Les barrages cèdent devant ces naissances maudites, emplies des éternelles obsessions du souterrain humain. Hans Jorgensen crée comme s’il ouvrait au scalpel les surfaces secrètes du corps, comme s’il arrachait la peau de toutes les sculptures du monde. Dans le cloaque du lointain intérieur, il porte des coups au cœur du dedans. Son art est magique, intemporel, et lourd d’exorcisme sacral.
Jusqu’au 10 juillet 2021
Halle Roublot – Fontenay-sous-Bois (94)
