Ronan Barrot, Eugène Leroy, Paul Rebeyrolle
Trois monstres sacrés de la plus haute création (dont un vivant, Ronan Barrot) sont au cœur de l’ouvrage de la plume aiguisée de Paul Audi, philosophe spécialiste des relations entre éthique et esthétique. Il s’agit pour l’auteur d’une trentaine d’ouvrages de rendre grâce ici à ceux qui l’ont porté, sa vie durant, « à cause d’une délectation sans pareille ». Dans le sillage éclairé de Jean-François Lyotard ou de Gilles Deleuze, Paul Audi plonge dans les profondeurs des œuvres.
Chaque artiste – les trois sont aux confins de l’évidence de la figure – bénéficie d’un essai qui lui est propre dans un ouvrage dense et très heureusement copieux. Et cela grâce au « plaisir que j’éprouve chaque fois qu’il m’est donné d’entrer en contact avec quelque chose qui augment mon appétit de vivre et d’aimer, qui accroît ma capacité de sentir et de penser, qui augmente mon désir d’expérimenter et de comprendre, qui intensifie et approfondit mon goût de la beauté ».
Texte global sans conclusion, toujours ouvert sur l’indicible de la création. L’ombrageuse puissance de Ronan Barrot, âpre et tellurique, fait écho à la somptueuse présence de Paul Rébeyrolle et à l’extrême densité charnelle d’Eugène Leroy.
Difficile de rendre plus grand hommage à l’impact de l’art sur la sensibilité secrète d’un philosophe, homme de concepts et de pure réflexion. Grand livre.
Paul Audi “Trois peintres de la Figure“
Éditions L’Atelier contemporain – 240 pages – 25 €
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