Tableau en échos, échos de tableaux…
Vladimir, artiste vif et singulier, marginal et pluriel, incante l’étendue. D’un espace à un autre, d’un cadre à un autre, les confins brûlés d’extrême vie s’approchent par étapes.
S’assemblent d’abord en nue étendue. Puis une autre, et une autre encore. Enfin la trace humaine apparaît, faite de boue obscure, de laves mentales et de fines plages délavées. Le surgissement final, le choc avec le présent, le dernier impact fait pure présence d’art. Des taches vitales, des signes fragiles, l’intensité d’un bleu primitif, d’un noir d’abîme, et des calligraphies jetées disent l’intimité la plus lointaine, éparse et ténue, poignante et essentielle.
Fleur de grisaille charnelle existe à peine dans l’étau infini des gris. Condensée, complexe, concassée, concentrée, instable et fragile, la lueur vitale ose à peine le presque rien de la présence. Une blessure charnelle, comme une cible, se protège du poids des mauvais mondes, tandis qu’une trame infime éveille l’univers.
Pluriel, hétérogène et envouté, l’extrême autoportrait de Vladimir porte haut la peinture. Intimité fouillée au scalpel, quand une masse informe, archaïque, première et complexe, s’organise en sidérante face humaine. Une chromatique obscure et dense, traversée d’éclairs retenus, embrase à vif l’étendue. Le chaos règne et s’illumine d’une impressionnante existence, fragile et tendue. De subtiles taches vitales ensemencent le vide. La ténèbre est première, d’où surgit la plus sensible et la plus fine présence d’âme. Art en peine capitale.
L’excellente galerie de Sophie Lévêque expose à Verdun un artiste rare et précieux.
Jusqu’au 14 octobre 2023 – Galerie Tot ou T’Art – Verdun (55)