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On en parle

Y a-t-il un sociologue de l’art dans l’avion ?

Nicole Esterolle, le 3 mars 2023

C’est la bonne question à se poser, quand on voit, par exemple, le crédit et la valeur donnés aux petits carrés de Toroni, sur le marché spéculatif, dans  l’histoire de l’art et dans la tête décérébrée des agents de l’art contemporain institutionnel …
L’inepte toronien (comme le burénien d’ailleurs) est-il de naturegénétique, post-traumatique, consanguino-dégénérative, psycho-pathologique, ou plus simplement … sociologique ?

Mais alors, où sont les sociologues pour s’occuper de ça ?
A part Madame Heinich, l’enfonceuse de portes ouvertes, et Monsieur Quemin, le body-builé infiltré des grands vernissages mondains, qui occupent à eux deux tout l’espace médiatique, on n’en voit guère qui osent faire un vrai travail, de terrain, de coltinage avec la réalité d’un système de reconnaissance de l’art en proie à un délire qui, pourtant, ne peut être expliqué sous l’angle sociologique… 
Tout comme on connaît les raisons de l’interdiction de certaines statistiques ethniques pour préserver certains dénis de réalité, on comprend aussi bien les raisons du même ordre, qui impliquent cette impossibilité d’un vrai travail d’analyse des mécanismes de fausse valorisation et de légitimation abusive de l’art… On sait le risque professionnel que prendraient les universitaires à faire de vraies enquêtes de proximité, à concevoir des questionnaires pertinents à utiliser pour établir des statistiques, cerner la typologie socio-culturelle des différents publics de l’art correspondant aux différents types d’offre artistique selon leur taux de contenu proprement artistique : art conceptuel, street-art, galeries prospectives, FIAC, salons d’artistes, galeries de placement financier, galeries municipales subventionnées, FRAC, l’expo d’Hyber à la Fondation Cartier, etc… On sait le risque de cancelisation, de réactionnarisation et de mise au goulag que prendrait tel universitaire qui oserait étudier le mécanisme de production des innombrables impostures artistiques asphyxiant le champ de la création d’aujourd’hui.

Ainsi, est-il permis de penser que si l’art a besoin de la sociologie, ce n’est évidemment pas pour s’ingérer bêtement dans ses mystérieuses nécessités intérieures, mais bien pour en nettoyer les abords et les voies d’accès… Car l’évidence immédiate, la magie et le mystère inhérents à l’art véritable, sont irréductibles à toute analyse de quelque ordre que ce soit… quoiqu’en ait pensé Bourdieu, qui, réduisant la fonction de l’art de façon plutôt simpliste, au seul « signe de distinction », n’avait donc pas le sens du transcendant et, pour cela, s’est bien fourvoyé en collaborant avec l’artiste allemand Hans Haacke.

Ce plasticien, précurseur  de l’art conceptualo-bidulaire, sociétalo-engagé (pas encore éco-responsable, durable et décarbonné), avait carrément défoncé le sol du pavillon de l’Allemagne à la Biennale de Venise pour dénoncer le nazisme des « mécanismes de domination » en art… (sujet de prédilection de Bourdieu)… Notons cependant qu’après la publication du livre Bourdieu-Haacke « Libre Echange », le prix des œuvres de Hans Haacke a bondi sur le grand marché spéculatif… Comme si le travail de Bourdieu avait consolidé les mécanismes d’aliénation et de survalorisation de l’inepte, qu’il voulait dénoncer… Cruelle autant que cocasse déconvenue !

Nous avons déjà en France, la critique d’art la plus calamiteuse et asservie du monde… Nous avons une sociologie de l’art en tous points semblable.(Nous parlerons des historiens de l’art et des philosophes de l’art une prochaine fois)